Introduction
Que cela soit caché ou visible, la mutilation de son propre corps ou d’une autre personne dans un cadre plus social…la coupure de la chair choque plus d’une personne.
La peau est une limite, une barrière entre l’intérieur et l’extérieur.
Le langage de la trace sur la peau n’est pas la même s’il s’agit d’un tatouage, d’un rituel sacré, ou d’une coupure que l’on fait en dehors du regard des autres.
I – Histoire de la mutilation : la mutilation comme signe visible, signes d’identité
II - Automutilation : autodestruction ou survie ?
A – Qu’est ce que l’automutilation
Définition
L’automutilation est une mutilation, une blessure physique qu’une personne s’inflige à elle-même. On peut l’appeler aussi auto agression, blessures volontaires, que la personne se fait à elle-même, sans volonté de mettre fin à ses jours.
L’automutilation peut avoir différentes formes, plus ou moins graves :
- s’égratigner, s’arracher les croûtes sur la peau, empêcher ses blessures de guérir
- se donner des coups, se cogner la tête contre les murs, se mordre…
- se tirer les cheveux, se les arracher, ou ce qu’on appelle communément la trichotillomanie
- se brûler, avec une cigarette, avec un briquet ou de l’eau bouillante…
Se couper la peau avec une lame de rasoir ou un morceau de verre…
Les coupures représentent la forme la plus commune d’automutilation.
L’automutilation peut être pratiquée sur tout le corps : bras, jambes, visage, sexe…dont la signification, et la gravité de l’acte peut être différent en fonction du lieu où a lieu la trace.
Il n’existe pas de statistiques en France pour évaluer le nombre de personnes qui s’infligent ces souffrances. Pourtant, il toucherait un nombre croissant d'adolescent et de jeunes adultes, essentiellement des femmes. Ce comportement apparait généralement à la puberté mais peut s’aggraver entre l’âge de 16 et 25 ans, et peut durer pendant des années, même jusqu’à un âge avancé
Plus d'un jeune sur dix serait concerné. Comme il s’agit d’une activité très secrète, il est difficile de déterminer exactement le nombre de jeunes gens qui s’automutilent.
Public
Nous ne pouvons faire de profils exactes, mais l’automutilation est un comportement que l’on retrouve plus fréquemment sur des personnalités dites « états limites » ou borderline, les personnes anxieuses, psychotiques. Nous retrouvons ce comportement chez des personnes dites « bipolaires » Ce comportement se retrouve également chez des personnes dépressives, ou chez des personnes souffrant de troubles de comportement alimentaires, ou toxicomanes.
L’automutilation est considérée comme un symptôme, symptôme d’une souffrance intense.
L'automutilation est un symptôme vu, à la fois, chez des hommes et des femmes avec divers troubles psychiatriques.
Il semble y avoir des liens forts entre l'automutilation et les troubles du comportement alimentaires. Ainsi, ce besoin de se faire mal est souvent observé dans les problèmes d'anorexie. On le retrouve également dans les cas de boulimie. Cela semble logique, car troubles du comportement alimentaire et automutilation ont des causes similaires : expression d'un mal-être, volonté de maîtriser les changements de son corps… A noter, l'automutilation est également liée à l'abus d'alcool et de drogues. Mais bien sûr, il n'existe pas de règles en la matière.
Mais cela ne touche pas n’importe qui non plus.
Ce sont des personnes qui ont une faible estime d’eux même. Ce sont des personnes dont le narcissisme a été blessé, et remis en cause.
L’origine peut remonter à l’enfance, suite à des abus sexuels, à un sentiment d’abandon, à une carence éducative, d’une pression familiale, dans un milieu où l’on n’a pas permis à la personne de s’exprimer, exprimer ses émotions…
Mais le diagnostic le plus fréquemment rencontré en cas d'automutilations est celui de Trouble de la personnalité borderline. Pour certains de ces patients... le comportement automutilatoire est un moyen de "traiter" les états dissociatifs, le patient ayant de nouveau l'impression d'exister lorsqu'il ressent une douleur ou voit son sang. Pour d'autres... de "traiter" une angoisse intense... La motivation des comportements automutilatoires chez les patients psychotiques est habituellement une réponse à un ordre hallucinatoire"
Mais nous aborderons plus précisément les automutilations chez l’adolescent et jeunes adultes, les autres concepts sur l’automutilation chez les personnes handicapées mentales, psychotiques, autistes devront être approfondi plus amplement.
Pourquoi des personnes plus féminines que masculines ?
Il y a ce sang, visible, à rapprocher de celui des règles. « L’automutilation est un phénomène extrêmement féminin. Sans doute parce que les filles qui se blessent sont actives dans ce sang qu’elles font couler au lieu de le subir, de manière passive, chaque mois. » Comme Marie-Eve, 17 ans : « Avec un rasoir, je creuse de fines rayures sur mes bras. Le sang coule, je l’étale. Je n’ai pas mal. Et quand j’ai mal, je me sens vraiment exister. »
Pourquoi est ce que cela peut être plus un trouble d’adolescent qu’adulte ?
L’adolescence est une période difficile, où le corps se transforme. C’est une période de grandes fragilités, où l’adolescent qui se mutile tente de trouver ses limites, son identité, tente de se réapproprier son corps, par des signes sur sa peau.
Durant cet âge difficile de mutation qui se caractérise, plus que tout autre, par un flottement de l’identité corporelle – éveil du désir, interrogation du masculin et du féminin, entrée dans la sexualité –, l’adolescent explore ses limites. Patrice Huerre, psychiatre spécialiste de l’adolescence, ajoute : « L’élément sensoriel est très important, l’ado fait connaissance avec ses sens, le toucher, ce que sa peau manifeste en termes de sensations agréables ou douloureuses. »
Patrice Huerre, psychiatre, explique « en se mutilant, l'adolescent cherche surtout à éprouver son corps et à s'éprouver lui-même. Il a du mal à vivre son corps car celui-ci change continuellement ».
L'automutilation serait donc une manière de pallier à un mal-être, un mal-être qui précisément questionne l'adolescent quant à sa place dans le monde, c'est à dire la place de son corps dans le Réel. Car le corps (sa peau, ses organes, sa chair, ses os) est une sorte de barrière physique faisant « tampon » entre un monde extérieur et social et un monde intérieur et privé. « Il faut également tenir compte de ce que symbolise la peau. Elle est comme une barrière entre l'intérieur et l'extérieur dont l'adolescent va inconsciemment tester la capacité en se mutilant », rajoute Patrice Huerre.
Pour autant, lorsque l’automutilation s’inscrit au-delà de l’adolescence, il faut se questionner sur une problématique psychiatrique.
H. 40 ans raconte qu’elle a mis longtemps à s’arrêter de s’automutiler. Anorexique, bipolaire, et autiste asperger, elle se sentait submerger par un sentiment d’étrangeté et d’abandon lorsque son mari sortait le soir alors qu’elle restait seule avec les enfants, et dès le dos tourné, elle fonçait dans les toilettes se scarifier, sans en ressentir autre douleur que de simples picotements, juste un sentiment d’irréalité, comme si elle se sentait à l’extérieure de son corps, ce sang qu’elle voulait visible pour extérioriser une douleur qu’elle n’arrivait pas à exprimer.
Pourquoi l’automutilation ?
La plupart du temps, cette pratique permet à l'individu de se sentir mieux, d'extérioriser son mal être. Une personne s'automutilant ne sait pourquoi elle le fait, mais en a besoin.
Quelques raisons qui peuvent pousser quelqu’un a s’automutiler :
- La volonté d’échapper a un sentiment de vide, de dépression, d’irréel.
- Pour diminuer la tension ressentie
- Pour soulager une immense peine ou douleur intérieure. Le fait de ressentir une douleur physique permet de diminuer la douleur ressentie à l'intérieur pour ces personnes
- Pour exprimer une douleur émotionnelle
- Avoir un sentiment d’euphorie
- Pour se punir. Les victimes d’abus, de maltraitance durant leur enfance ont souvent le sentiment que ce qui leur est arrivé était leur faute et par ce moyen se punissent. Mais je tiens à préciser que ce sentiment est faux, ce n’est jamais la faute de la victime.
- Souvent beaucoup de personnes victimes d’abus ont a l’intérieur d’eux une immense colère et s’automutiler est un moyen d’exprimer cette colère que peut-être vous n’osez pas exprimer ouvertement.
- Avoir un sentiment de contrôle et de pouvoir sur son propre corps
- Revenir à la réalité pour les personnes qui souffrent de multiples personnalités.
- Provoquer un sentiment de sécurité et le sentiment d’être unique
- Exprimer ou réprimer ses sentiments par rapport a sa sexualité
- Exprimer le sentiment de « devenir fou/folle »
- Se sentir en vie lorsqu’on a l’impression d’être mort a l’intérieur
- Elimine des sentiments intolérables pour un moment
B – Maux/mots du corps
.....
C – Les automutilations chez les personnes psychotiques
(cf. le corps blessé de Claire Morelle)
A développer plus lors de l’écrit
Mais ce comportement se retrouve aussi chez les personnes handicapées, autistes, psychotiques, pour qui l’automutilation est un moyen de sentir son corps exister, une manière de trouver les limites de son corps.
La peau, pour les psychotiques, autistes, ne joue pas son rôle de contenant. Leur personnalité est dispersé, leur corps est morcelé, et face à l’angoisse de l’engloutissement, certains se font mal pour pouvoir sentir les limites de leur corps.
http://www.cmha.ca/bins/content_page.asp?cid=3-1036&lang=2
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http://psycho.ados.fr/automutilation_article1237.html
le corps blessé de Claire Morelle)
Attaques du corps, adolescence, N 48, éd. Georg.
La peau et la trace, de David le Breton
Jeux d’identité
La peau
Il n’y a pas de douleur sans souffrance
Des femmes plutôt que des hommes
L’entame du corps comme limites d’identité
Cran d’arrêt
Les inscriptions corporelles dans les rites de passages
Faire peau neuve
Purification
Inscrire des signes
La saignée identitaire
La cicatrice
La fin des entames
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QUE FAIRE ?
Les adolescents qui s’automutilent ne parviennent pas à verbaliser leurs émotions, leurs souffrances. Aussi faut-il essayer de les faire parler de ce qu’ils éprouvent. « Cela peut passer par une engueulade, qui est une façon de dire “stop” et d’insister sur l’obligation de respecter son corps, estime Patrice Huerre, psychiatre spécialiste de l’adolescence. Et cela témoigne, même à travers la colère, que l’on se soucie de l’enfant. »
Si le dialogue ne se noue pas, s’il y a répétition, si les estafilades portent sur des parties du corps à forte connotation psychique (le ventre, les seins…), si le contexte général est inquiétant (chute des résultats scolaires, isolement, pauvreté verbale, difficultés familiales), mieux vaut, sans attendre, prendre l’avis d’un psy : au moins y aura-t-il eu une ouverture nouvelle pour l’adolescent en mal d’écoute. En revanche, si les troubles persistent longtemps après l’adolescence, ils peuvent être le signe d’une pathologie psychotique nettement plus grave.
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