A fleur de peau
A fleur de peau
Aveugle
Ma famille a toujours été aveugle face à ma souffrance, alors face à mon anorexie encore plus.
Ils ne m'ont jamais vu faire le yoyo avec mon poids.
Ado, j'ai fait plus de 70 kilos, puis je suis descendue à 45 kilos en l'espace de 6 mois. Je me cachais sous des pulls certes mais quand même, faut avoir de la merde dans les yeux, le visage grossit et s'affine!! et en été, cela se voit.
Ma famille a été aveugle pour bien des choses, pour ma maltraitance aussi. Ma mère ne m'a jamais cru maltraitée par mon père, malgré les coups de fouet, malgré les coups de pied et coups de balais, les gifles à en faire voler les cheveux.
Non, je n'avais pas de bleus, ni de fractures, non je n'ai pas été hospitalisée. Non donc je n'ai pas été maltraitée. Non mais j'ai été violée, pénétrée, j'ai été sodomisée, j'ai fait des fellations, j'ai pissé le sang au toilette pendant des jours et des semaines à pleurer de douleurs... c'est juste des jeux du papa et de la maman, des jeux de gamins... ! pas de quoi en faire un drame. J’avais entre 7 ans et 13 ans, ils étaient majeurs!!!
Non, je n'ai pas eu d'attouchements de la part de mon beau père, ce n'était que des chatouilles !!ben voyons, il s'amusait avec moi, et il est câlin, il a tant besoin d'amour, le pauvre, c'est un gros bébé à son âge et quand maman n'est pas là, c'est sa fille qui doit le consoler!!
Alors voir que sa fille est suicidaire, anorexique, malade, dépressive ? jamais, on n'est pas fou dans notre famille...peut être que si, ma fille est bonne pour l'asile me dit-elle sans arrêt quand je lui dis que j'ai envie de mourir.
Sans arrêt, je l'ai appelé à l'aide, et a chaque fois, elle m'a tourné le dos.
Pire, face à toutes mes maltraitances et aveux, face aux plaintes, ils m'ont demandé de me taire, pour pas faire d'histoires, pour pas à avoir à choisir entre les membres de la famille...quitte à me sacrifier. Un assassinat , une vie de thérapie , une vie de souffrance pour protéger des violeurs et pédophiles qui ont aussi violés ma sœur qui a trois ans de moins que moi.
A fleur de peau
Fragilisée déjà par la dépression consécutive au divorce de mes parents et à la découverte de la maltraitance de mon père, et de mes idée suicidaires par moment, je commence à me goinfrer de nourriture, de gâteaux, bonbons, kebab, fast-food, puis viennent les premières crises de boulimie chez ma mère à m’enfiler un plat de pâtes froide de la veille à même le frigidaire, avec des bières en prime…c’est l'image dont je me souviens. Je ne me rappelle pas si je me fais vomir ou pas. C’est aussi à ce moment là où je commence à piquer des médicaments dans la trousse à pharmacie de ma mère
16 ans : après être montée à plus de 70-75 kilos, loin de mes 55 kilos, je révèle les viols de mes cousins après avoir réalisée ce qu’ils m’avaient fait subir à la suite d’une conférence sur le sida au lycée.
S’en est suivi entretien chez l’assistante sociale, plainte, aveux, démolition en règle par les mères des cousins le soir même, puis ma famille notamment mon père qui ensuite fait tout pour nous faire taire. Les viols seront requalifiés comme jeux d’enfants du papa et de la maman.
Moi, je sombre à l’état opposé, après la boulimie, c’est l’anorexie, de plus de 70-75 kilos je passe la barre des 50 kilos voir en dessous peut être 46-45 kilos en l’espace de même pas 6 mois. Mes parents aveugles n’y verront que du feu.
Mais là encore, aucune envie de maigrir, aucun soucis de plaire ni de ressembler aux mannequins. Mon apparence m’indiffère, ressembler aux autres et faire partie d’un groupe c’est pareil, je m’en fiche. M’habiller comme un sac à patate tant que je suis à l’aise et que cela cache mes formes, c’est là où je me sens le mieux. Les seuls fois où j'ai été féminines par le passé, je me suis faite soit harcelée, agressée ou violée…
Mais à chaque fois qu’une crise passe, mon poids se régule de lui-même et je retrouve un poids normal. Je n’ai jamais eu besoin d’hospitalisation. De toute façon, personne n’a rien vu, pas même un médecin
En 1999, je suis avec un pervers narcissique après avoir fui le domicile parental
Vers 2003, crise mixte (même si mes premiers signes de troubles bipolaires datent de mes treize ans), tout ne va plus dans mon couple. Je suis en rupture avec ma mère en dénonçant les attouchements une nouvelle fois de mon beau père, elle ne veut plus entendre parler de moi, ma vie de couple bat de l’aile, je ne sais pas pourquoi, sans savoir que je vis l’enfer de la violence conjugale, on vit dans la misère à récupérer les restes de la cantine du midi de mon travail pour pouvoir manger le soir, du moins pour que mon mari mange le soir, moi, je ne mange plus rien le matin, je picore le midi et le peu que je mange, je le vomis car je ne digère rien, le repas du soir, je le donne à mon mari, la nourriture me dégoûte…je n’ai même pas envie de maigrir, là n’est pas mon obsession, mon obsession, c’est qu’il mange à sa faim, c’est de nous sortir de la misère , c’est qu’il sorte du chômage, qu’on ne vive plus que de mon smic, …je vais à l’hôpital pour savoir pourquoi je n’arrive à rien garder dans mon estomac, on me fait une fibroscopie pour voir si je n’ai pas de lésion, d’ulcère qui serait la cause de mes renvoies quotidien (renvoie que je ne provoque pas cela va de soi) aucun résultat, il n’y a rien , le médecin femme qui m’ausculte, prend mon poids, constate que je subis des sévices sexuels, en vient à pleurer car se rend compte à l’évidence que je supporte quelque chose de bien plus lourd que ce que je ne le pense et ce que je ne veux bien n’en dire...et confirme lorsque je lui parle de mes saignements anaux lorsque je vais aux toilettes que la fissure que j’ai sont la conséquence de viols. Je n’ai pas de balance chez moi, chez mon médecin, je dois tourner aux alentours de 45 kilos. , elle veut m'arrêter mais je ne veux pas me retrouver seule face à mon mari qui est au chômage pour qu'il me fasse subir ses assauts sexuels pour continuer à me violer. Et en même temps, avec le recul, je constate que je suis dans une période dite mixte car toute en étant dans un état lamentable, je suis sur de multiples fronts, multiples projets, cherchant à m'en sortant désespérément par tous les moyens, parlant à tout le monde qui me tirent les sonnettes d'alarme sans que je comprenne pourquoi on me dit tout le temps que je dois partir car je suis en danger de mort.
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Je me sens mal.
Je ne mange plus rien. Je ne mange qu’un yaourt, une salade par jour tout au plus, par plus de 250 calories, je mets 6 couches de vêtements car j’ai tout le temps froid, et je ne pense qu’à me mettre sous la couette car il n’y a que là que j’ai chaud. Je suis fatiguée. J’ai perdu 22 kilos depuis juillet dont 14 depuis décembre. Cela fait deux heures que j’ai bu mon cappuccino, et je me sens mal, j’ai envie de vomir, même pas sure que je mangerais ma salade ce soir. Ce midi, une heure après mon yaourt, pareille j’avais envie de vomir. Je ne sais pas si ce sont mes maux de tête qui ont réduit au maximum mes prises alimentaires ou si c’est mon régime qui se réduit à peau de chagrin, mais c’est de pire en pire. Je verrais ce que la psychologue m’en dira demain lorsqu’elle verra le tableau de mes repas.
Mardi 05 mars 2019
Bien décidée à sortir de cet enfer, j’ai décidé de manger deux tranches de jambons cru ce matin, tout comme hier, j’ai mangé une verrine, une grosse verrine de contenance d’un verre de pot de nutella. Même si j’ai perdu 300 grammes dans la nuit. Résultat, peu après, je me suis sentie vraiment mal même si j’ai pris du plaisir à manger ces deux tranches de jambons tellement j’avais faim. Je n’avais qu’une envie, tout vomir, et m’allonger. J’étais nauséeuse. Mais c’était l’heure d’accompagner les enfants à l’école, alors j’ai pris sur moi pour tenter d’oublier mon malaise. Ce n’est pas cela qui va m’aider à faire de efforts pour remanger normalement.
Ce midi, j’avais faim, alors j’ai mangé une grosse verrine saumon ananas et un tartare de saumon. A peine fini, une énorme envie de vomir, des hauts le cœur, direct aux toilettes, la tête au-dessus des cuvettes en train d’essayer de me faire vomir sans succès, les yeux en larmes et la nausée pendant une bonne heure jusqu’à ce que je parte voir la psychologue à qui j’ai fait mine que j’allai bien.
A fleur de peau
Au réveil, je suis aussi fatiguée que dans mon rêve, un peu le tournis, et un début de mal de tête qui s’amplifia dans la journée avant de se transformer en migraine.
Puis malgré les antidouleurs, m’allonger sur le canapé la tête sous un coussin à l’abri de la lumière et du bruit, je n’en peux plus, l’idée de me scarifier peu à peu monte en moi. Pourquoi, je n’en sais rien. Tout autant l’idée que je ne vais encore rien manger de la journée à part ma compote de ce matin et du chocolat blanc et de la joie de retrouver peut-être le lendemain matin un kilo en moins sur la balance.
Je suis en phase mixte dit le psychiatre et je sais que dès que je suis en phase mixte, je me scarifie et je perds du poids. Je perds du poids en hypomanie certes mais tot ou tard cela se transforme en phase mixte car ensuite je m’automutile. Anorexie est intimement lié à automutilation pour moi. La preuve : j’étais débarrassée de mon automutilation depuis cinq ans, je rechute en anorexie et vlan à nouveau je me scarifie.
Faut absolument que Florent n’en sache rien, mettre un haut, un pyjama, m’en acheter un, dire qu’avec mes migraines j’ai tout le temps froid, mais ne surtout pas qu’il sente ou qu’il voit un millimètre de pansement sur mon bras. Je ne saurais pas quoi lui dire. Tout le monde croit que je vais bien, que je vais mieux alors que je me bats encore avec mes vieux démons anorexie, automutilations, viols, coups, maltraitances et compagnies…et mes trous de mémoires. Il n’y a que ma mère et mes psy qui savent avec quoi je me bats. Oui je vais mieux, mais ce n’est pas encore cela, je continue toujours mon entreprise d’autodestruction, de contrôle…
Je suis pressée d’être demain pour pouvoir parler à ma psy de ce dérapage d’aujourd’hui dont je ne connais pas la cause,
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Juin 2019
Anorexique adulte
Et oui, j’ai 38 ans. Et je suis anorexique depuis l'âge de 16 ans. Tant d’années de troubles alimentaires, de phase variable en intensité et en gravité. Je n’ai jamais été hospitalisée, n’ayant jamais été au-delà de 45 kilos. Mais bien que retombant sur mes pieds à chaque fois mais n’ayant jamais été traitée pour mes troubles alimentaires vu que l’on ne les a jamais détectés, c’est devenu chronique. Tous les 5 ans en moyenne depuis l’adolescence, je rechute irrémédiablement. Je fais le yoyo à 40 kilos près.
On est anorexique adolescent comme à l'âge adulte. Adolescent on a des aides, des unité d’hospitalisation mais pour les adultes ? C’est le désert !!
Mes périodes anorexiques n’ont jamais été au-delà de plus de deux ans. Entre le début du régime, la descente en anorexie et le retour au poids normal.
Je suis anorexique, ou je souffre d’anorexie dit-on. Je ne suis pas ma maladie. Mais longtemps, je me suis identifiée à elle, c'était ma seule identité.
J’ai 38 ans. J’ai un IMC normal et non, on ne croirait pas que je souffre d’anorexie, car pour le commun des mortels, l’anorexie, ce sont les corps maigres et décharnés qui ressemblent à ceux sorties des camps de concentration. Mais on peut être obèse et anorexique, avoir un poids normal et anorexique ou être en famine et anorexique ou être maigre de constitution par nature et ne pas être anorexique. Le poids ne veut rien dire. C’est le comportement et les pensées qui font tout.
Non, j’ai toujours mes règles et je ne suis pas en aménorrhée mais je l’ai été par le passé, mais l’obsession de la nourriture et la peur de grossir de ne serait-ce 100 grammes est un combat de chaque jour, je pense calories tout le temps, je contrôle mes menus et les planifie plusieurs mois à l’avance pour ne pas qu’ils dépassent un certains seuils de calories par jour, je pèse mes plats, je me pèse plusieurs fois par jour, parfois plusieurs fois en l’espace de 5 minutes, pour avoir le chiffre le plus bas. Je suis perfectionniste, ai tendance aux tocs, je suis à tendance végétarienne, j’ai exclu beaucoup d’aliments, il y a les aliments interdits et les aliments autorisés, les aliments qui font grossir et ceux qui ne pèsent rien sur la balance, je fais des plats pour les autres et il faut qu’ils les mangent, à la limite si je ne les engueule pas ou ne les force pas à manger, pour les faire grossir, par peur qu’ils manquent alors que moi je me prive de plus en plus. je n’ai jamais mis autant d’énergie à faire à manger, et à manger de plus en plus sain… je me suis prise de passion non seulement pour le végétarisme mais aussi pour l’alimentation saine et le fait maison. Je veux tout contrôler et si je dérape, je cherche à me punir. Si c’est la nourriture, je me fais vomir. Ma peur c’est de redevenir obèse et de basculer dans la boulimie.
Par le passé, cela n’a jamais été le cas. A 15 ans, j’ai d’abord et boulimique avant d’être anorexique mais l’anorexie ne m’a jamais plus quitté depuis et je ne suis plus jamais retombée dans la boulimie.
Anorexie mentale? anorexie mentale atypique car encore avec un poids normal? à partir de quand bascule-t-on d’un régime draconien à l’anorexie?
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Juin 2019
Anorexie et autisme
Il y aurait-il un lien ?
L’anorexie et l'autisme se chevauchent et selon des études, jusqu'à 20% des personnes souffrants de troubles alimentaires persistants seraient autistes.
De par leurs ritualisations, leurs isolement (à moins que ce fût déjà un fait réel avant le début du trouble, ce qui est confirmé par certaines études. C’est peut-être d’ailleurs par une volonté de fondre dans le moule et être intégrée dans un groupe en étant mince au départ pour plaire aux autres, que l’anorexie peut s’installer), le besoin de régularité et de routine, résistance aux changements, les particularités sensorielles...peuvent jouer en faveur d'un diagnostic d'autisme en cas d'anorexie. Ne pas aimer certaines textures et donc exclure certaines types d'aliments, ritualisation lors d'un repas avec organisation de l'assiette en fonction des couleurs, picorer telle texture, tel aliment pour tel particularité.
Plusieurs études disent que certaines personnes anorexiques ont du mal à se faire des amis et à maintenir des relations sociales avant même le début des troubles et persistent même après le retour à un poids normal. Les personnes anorexiques ont un schéma de pensée et de comportement rigides, un besoin de constance dans l’environnement et une résistance au changement. Ces traits sont aussi présents chez les personnes autistes.
https://femmesautistesfrancophones.com/2017/01/18/le-lien-invisible-entre-autisme-et-anorexie/
De là à ce qu'on pense que la nourriture devienne un intérêt restreint propre à l'autisme, il n'y a qu'un pas.
Moi, et les aliments :
Je n'aime pas la peau du poulet ni sa graisse, je n'aime pas la viande ou très peu. je n'arrive pas à mâcher, avaler et recrache tout.
Je n'aime pas le côté farineux de certains aliments : petits pois, semoule, tapioca...
J’aime le goût et la texture molle des poissons crus, en carpaccio ou en tartare... j'aime la cervelle et les abats, les aliments qui glissent sous les dents, ou qui ont du croquant comme les gésiers...
Hypo sensible, j’aime les plats épicés au plus haut point, à m’en arracher les papilles!! j’en mangerais des piments à pleine dent! j’aime le gaspacho avec une tonne de tabasco par exemple
Coté ritualisation : je mange toujours les mêmes choses, je peux me faire un plat et en manger pendant deux semaines à chaque repas. Cela me rassure, je sais par avance ce que je mange, combien il y a de calories et cela me permet de ne pas faire d'écarts. Je compose des ramequins de mes plats en les préparant à l’avance, en les pesant au gramme près. Il faut que cela fasse un chiffre précis. Mon frigo a une étagère pour moi avec tous mes petits ramequins pour chaque repas. Personne n'a envahi mon espace, je gère mon régime, mes aliments, les légumes…
Deux semaines de saumon : en carpaccio ou en sashimi, en tartare
Salade composée, tomates, gaspacho...chou sous toutes ses formes en salade, en soupe, en choucroute sans saucisses...
Ce n'est pas par envie volontaire de faire des mono diètes, je n'ai jamais voulu en faire, mais c'est comme si mon corps voulait à cette période-là tel aliment, et moi en manger tous les jours me rassure. Ce n’est pas pire qu'une tablette de chocolat entière!!! mais en général, mes aliments sont faibles en calories ou plutôt sains, pas de bonbon, gâteau ou cochonnerie...
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De toute manière dans cette famille, j’aurais toujours tous les défauts de la terre. Notamment aux yeux de mes enfants et de ma belle-mère.
Coté repas, je serais toujours une empoisonneuse lorsque une fois par mois, je sortirais une boite de conserve de cassoulet ou de raviolis, ou achèterais des nuggets ou de cordons bleus au lieu de faire des repas fait maison. Ma belle-mère débarquant un jour dans notre salon, me critiquant sur l’alimentation que je donne aux enfants et des conséquences sur leur santé, déclamant les conséquences des plats industrielles, alors qu’elle-même s’en fait lorsqu’elle est trop fatiguée, me traitant d’empoisonneuse de son fils et de ses petits-enfants alors que derrière mon dos , elle les goinfre à toutes heures de chips, bonbons et glaces et que je les retrouve boudant mes plats !!!
J’aurais toujours tous les défauts de la terre et les autres auront toujours des exigences sur moi qu’ils n’ont pas eux même sur eux.
Après avoir travaillé sept ans, avant ma formation d’éducatrice spécialisée et être reconnue handicapée et qui m’a cloué au domicile, ma belle-mère a dénigré mes expériences professionnelles en disant que mes contrats n’étaient que des contrats bon pour des cas sociaux comme moi ! Selon elle, je ne connaissais rien du monde du travail, malgré mes sept ans d’expériences professionnelles (animatrice de loisirs et de vacances, vendeuse en article d’art, vendeuse en boulangerie, opératrice de saisie, et dans les opérations de chèques, éducatrice spécialisée, aide éducatrice/animatrice sportive et en atelier d’art plastique…)
J’ai eu droit aussi à des critiques sur l’éducation de mes enfants : je les couvais trop, je privilégiais un enfant sur l’autre, mon éducation n’était pas bonne, trop laxiste, trop ceci, pas assez cela !!! Alors qu’elle-même a acheté tout ce que désirait son fils dès qu’il le demandait, était à l’écoute de ses moindres désirs, l’a fait dormir dans son lit à 13 ans lors du divorce avec son mari, qu’en a pensé son fils aîné de tout cela ? je n’ai jamais eu l’impression que je privilégiais un enfant sur l’autre ? L’éducation de mon second fils avec le maternage l’a choqué ? Elle a cru que je couvais trop mon bébé par rapport à mon aîné ? Mais c’est un peu normal de s’occuper du bébé quand il est petit ! Et je n’ai jamais oublié mon fils aîné ! même si mon bébé était porté en écharpe sur mon dos, allaité pendant dix-huit mois, je faisais des câlins à mon fils aîné en le serrant dans mes bras libres devant pendant que mon bébé était bercé par mes mouvements dans mon dos !!! Chacun éduque ses enfants comme il le sent. Je n’ai rien à me reprocher.
Coté ménage, on me reprochait d'être fainéante, bordelique, crasseuse et que la maison était une porcherie dès qu’il y avait une trace sur le sol! et ma belle-mère vient tranquillement me dire après m’avoir engueulé sur mon ménage qu’il faut qu’elle se motive car cela fait deux semaines qu’elle n’a pas fait le ménage chez elle! et pas qu’une fois, c’est assez régulièrement qu’elle me sort cela!! alors que moi , même pendant mes années dépressions, je faisais le ménage tous les jours avant de m’allonger le restant de la matinée. J’enrage à chaque fois !!! avec moi, on est intransigeante, et les autres se la coulent douce !!
Et lorsque je pars une journée et que je rentre avec un mal de crâne à l’autre bout de paris avec 5 heures de transport, , je dois me payer le ménage dernière parce que mon mari qui est resté la journée entière à la maison pour s’occuper des enfant au retour de l'école a préféré passer sa journée à regarder la télévision, laver sa serviette, et pas la mienne bien sur tachée de sang!! (sa mère le défendant en disant que si, il a fait le ménage, il a lavé les serviettes!! oui et les lits pas faits et le linge sec non plié mis en vrac dans la buanderie même les affaires qui n’ont pas besoin de repassage et qui pour le coup sont bons à repasser, la vaisselle dans l'évier, les chaussettes dans les chambres qui trainent par terre, les miettes du goûter sur la table et les miettes de pain coupées sur le plan de travail!!! et encore et encore… et moi qui fais en sorte que mon mari rentre avec une maison nickel propre après une journée de travail!!! et c’est moi qu’on traite de feignasse , de paresseuse et de crasseuse?
Je pourrais en écrire des lignes et des lignes, des pages et des pages sur l’obsession de mon entourage sur mes défauts, sur mon apparence autant que sur mes comportements. Ils ont toujours regardé les détails de mes erreurs, critiqué ce que j’étais, n’ont jamais été d’accord avec mes principes et mes valeurs et ce que j’étais. Tout était dénigré et passé au crible. Ils se sont toujours crus supérieurs à moi, cru d’une classe sociale supérieure à moi et se sont donné l’objectif de m’élever sans mon consentement à la leur, coûte que coûte, comme si c’était de mon devoir d’être aussi parfait qu’eux, pour ne pas entacher l’image qu’ils donnaient à paraître au monde. Je pense que ma belle-famille a eu le complexe du sauveur à mon égard.
Ils ont voulu me modeler à leur image…même mon beau papa a honte de ce tas de graisse que j’étais, du tas de graisse qu’est devenu son fils (sûrement par ma faute depuis que je le connais !!)
Un beau papa soucieux de la maigreur, une belle mère qui passe son temps à surveiller son poids et son alimentation et me parle de diète lorsque je suis malade…une vrai dictature de la minceur et de l’alimentation saine… cela s’ajoute une pression constante au niveau des repas qui sont source de pleurs et d’angoisse quotidiennement, résultat, gros craquage, en 2013.
Et dès que je suis stressée, dès que je perds le contrôle sur ma vie, c’est mon alimentation qui en prend un coup et que je me mets à contrôler par-dessus tout.
Maman tu es grosse, maman, tu es laide, maman tu es une connasse…
Ce ne serait pas plutôt mon entourage qui souffrirait de dysmorphophobie ?
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Mon cœur hurlait ce que ma parole taisait. Je n’avais pas de mots pour exprimer ce que je vivais, je n’en avais pas conscience. Je ne me croyais pas maltraité de nouveau par une personne en qui je croyais être l’homme de ma vie, celui avec qui j’avais fait des vœux du mariage pour la vie. J’étais aveugle et je refusais de voir l’innommable, refusais de voir que je m’étais trompée et qu’il fallait que je parte et que je me reconstruise ailleurs, que j’abandonne ce que j’aurais cru être le bonheur, ce en quoi je croyais depuis petite et qui me tenait en vie depuis que je survivais de tous mes abus, cet espoir qui me faisait tenir debout…perdre ce mariage, voir qu’il n’a été que chimère t violence, c’est comme perdre cet espoir qui me fait tenir debout . C’est l’amour qui me fait vivre, j’ai cru à cet amour et à cet instant, je ne croyais jamais en aimer un autre, alors je voulais mourir, je n’avais plus d’espoir.
Mon corps voulait dire quelque chose, sa souffrance, mourir peut-être, raconter ce silence aveugle. L’amour m’aveuglait. L’anorexie ne l’était pas et tentait d’apporter son message.
Les rechutes se sont succédées dans le temps, plus ou moins longues, mais là, on a mis un nom dessus, la perte de poids a été conséquente à chaque fois, une trentaine de kilos environ, ne pesant qu’une quarantaine de kilos. Mais c’était pour mettre en mots une souffrance que je n’arrivais pas à expliquer, une souffrance post partum en 2008, en 2013 … la grossesse avait apparemment un rôle de révélateur dans mes conflits internes, peut être liés à mon enfance, à mes viols, ou liés aussi à mon trouble bipolaire…
En 2013, j’en ai déjà parlé, cela s’explique aussi par le fait que ma belle-mère a voulu régenter ma vie, m’a étouffé, et m’a peu à peu réduite au silence, soumise à elle, à ses désirs, à sa bonne volonté, à sa manière de vivre, la meilleure, et que je n’avais plus le droit d’être moi-même, comme je le sentais parce que pour elle, ce n’était pas selon le manuel du savoir vivre, que je ne respectais pas les coutumes, les gens et je ne pensais qu’à moi. Je devais à tout prix changer, pour évoluer, pour son fils, pour elle, et pour les enfants, pour que je m’élève à sa classe sociale (pourtant hormis une éducation rigide de mon père dû à la maltraitance, on est tous deux mon mari et moi issue de la classe moyenne, de parents qui ont été cadres de professions !!!) Comparativement à la mienne qui relève du cas social, vu que j’ai vécu dans la pire dépravation sociale qu’on puisse connaître, une vrai porcherie et qu’à me regarder, ne faut pas s‘étonner qu’on ait envie de gerber !!! Alors que tous ceux que j’ai côtoyés m’ont dit du bien de moi, que je me tenais bien à table, que j’étais gentille et respectueuse et bien élevée depuis toute petite… ? Ce que j’ai ressenti aussi, c’est qu’elle aussi m’a réduite au silence, je n’ai pas réagi aux critiques, mutique et tétanisée à chacune de ses reproches, que j’encaissais, en ravalant mes larmes sans comprendre ce qui avait provoqué cette avalanche de critiques. J’étais soumise, je ne lui répondais pas, n’élevais pas la voix contre elle, ne la contredisais pas, j’essayais de faire tout ce qu’elle me disait, et quand même, elle se fâchait, me disait des choses méchante, blessante, et je ne savais pas ce qui ne m’arrivait ni ce que j’avais fait encore pour mériter el. Je décevais constamment les gens. Mon père qui me battait parce que ma sœur et moi nous nous chamaillions, mes cousins et un petit ami qui me trouvaient une fille facile une petite salope pour profiter de moi, mon ex qui me frappait et me voilait, peut être pace que je le méritais…ma belle-mère qui me faisait sans arrêt des reproches et que je décevais constamment puisqu’elle me le disait…
Et la seule fois où j’ai ouvert la bouche, où j’ai osé dire ce que je pensais, c’est pour être menacée d’abandon, menacée par ma belle-mère de vouloir lui faire couper les lien entre elle et sa famille à cause de deux paroles où je lui disais que je ne voulais pas qu’elle me rééduque et qu’elle prenait ma place dans la maison parce qu’elle voulait que je fasse tout à sa manière !! Pas de quoi monter sur ses grands chevaux, jouer la victime de sa belle-fille et couper les ponts pour si peu !!! à croire que tout le monde veut mon silence et que j’encaisse tout et toujours tout jusqu’à ce que je crève, jusqu’à ce que je craque comme lors de ma tentative de suicide en 2014, un jour où il y a eu une phrase de trop par ma belle-mère. Elle me traite de méchante mais c’est moi qui suis trop gentille à me laisser marcher sur les pieds et à me taire et à tout encaisser.
Mourir, je veux mourir, à petit feu, tout doucement, peu à peu, pas brutalement, ils vont croire à un cancer, je vais dépérir tout doucement, c’est ce silence qui me ronge et me bouffe de l’intérieur. Ce silence, c’est comme un cancer qui se développe dans mon corps et l’anorexie fait de même, c’est mon cancer à moi, parce que j’ai laissé le silence l’emporter et me bouffer de l’intérieur. De toute manière que cela soit par l’anorexie , le cancer, la maladie bipolaire ou autre maladie, mon seul désir, c’est de mourir jeune, mourir une fois que mes enfants seront en âge de travailler pour savoir quel métier ils feront mais mourir avant mon mari, ne pas mourir veuve, ne pas mourir seule, sans rien , abandonnée à la solitude, abandonnée par ma famille déjà morte, mon mari déjà mort, mes enfants loin de moi…je veux mourir avant tout cela…si je pouvais mourir dans une dizaine ou quinzaine d’années, après avoir été éditée, après avoir exposé, j’aurais accompli l’œuvre de ma vie, mais pas plus. Je ne veux pas vieillir seule. Que cela soit l’anorexie qui m’emporte, le cancer, ou les traitements de mon trouble bipolaire ou autre, pourvu que cela soit dans pas trop longtemps.
L’anorexie est ma parole.
A fleur de peau
2013-2014
50kg, 49 kg, 48 kg, 47kg…
Tel jour : alcool, tel jour automutilation… un vrai massacre. Mon fils me photographie, je ne me reconnais plus, je suis moche, je me trouve grosse…grosse et pourtant je frise les 44 kilos avec une taille 32 en pantalons…
Le matin, un bol de cappuccino avec une tranche de brioche
Le midi : un yaourt nature ; ou un morceau de gouda et une tomate ou 4 petites bouchées vapeur
Goûter : rien
Soir : rien, parfois un yaourt, ou une tranche de gouda…
Mercredi 12 février 2014
Midi : épinard, œuf et crumble à la rhubarbe de belle maman : tout revomi
Soir : rien
Jeudi 13 février 2014
Midi : un yaourt
Soir : rien
Vendredi 14 février 2014
Midi et soir : rien
J’ai tout avoué à ma famille. L’anorexie, l’automutilation…
Mardi 18 février 2014
Midi : 4 beignets de crevettes et un yaourt nature
Soir : gouda et vin rouge : tout revomi
Samedi 22 février 2014
Midi : tortellini, tout revomi
Soir : raclette : tout revomi
Et un soir, j’ai préparé un menu asiatique pour mes enfants et mon mari pour quatre personnes, sachant que mon mari s’enfilera la quasi-totalité du plat à lui tout seul sans prendre un gramme.
L’odeur me monte aux narines
Je sors le plat du four
Et je craque. Je prends dans mes doigts les nems, samoussas, acras de morue, beignets de crevettes encore brûlants, sans accompagnement sans sauce, pas le temps, et je les mange vite, très vite pour ne pas que mon mari voit que je vais manger tout son plat du soir. C’est à peine si je sens le goût des aliments. Je me remplis, je remplis ce vide. Je ne tiens plus. Tant pis je ferais un autre plat pour ma famille, à la va vite, des pâtes par exemple… je ne vois même pas ce que je mange. J’ai mal au ventre, moi qui ne mange même pas la taille d’un plat de bébé et qui est en train de m’empiffrer d’un plat pour quatre personnes adultes, je gonfle à vu d’œil… je culpabilise, j’ai craqué, je suis un monstre, je suis énorme…sitôt le plat vidé, je fonce aux toilettes me faire vomir…je me sens mieux, comme si le poison qui était entré en moi était enfin parti pour de bon, avec le diable qui m’a emporté avec lors de cette orgie alimentaire…
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